Les Bons, la Brute et les Truands
par Omnirath
avril 2020
Un “malentendu”, c’est le mot employé par le ministre des affaires étrangères de République Tchèque suite à la réquisition plus ou moins volontaire de plusieurs milliers de masques provenant de Chine lors d’une escale vers l’Italie.
Tandis que la Chine, la Corée du Sud, Singapour et Taiwan se remettent doucement de l’épidémie grâce à leur réactivité médicale, politique et économique, nous assistons dans les pays du vieux monde à un effondrement du multilatéralisme. Les pouvoirs sont pris de court comme en témoigne la gestion désastreuse de l'économie italienne de début mars, Christine Lagarde et la BCE en cherchant à assouplir les possibilités de crédit des banques sans alléger les mesures draconiennes envers le déficit systémique italien ont entraîné une chute de 17% de la bourse de Milan, plongeant le pays dans l’incertitude économique et maintenant sanitaire se refusant à consolider le maillage bancaire du pays. Par ailleurs les Pays Bas et puissances du nord de l’Europe (récemment l’Allemagne) font obstruction à la mise en place d’emprunts mutualisés en Europe.
Au vue de la gestion rationnelle des pays de l’épidémie de coronavirus du sud-est asiatique grâce à la mise en place systématique de tests et dépistages massifs, un confinement ciblé sur les foyers infectieux, de facto plus précis et plus efficace, des politiques de prévention exemplaires comme à Taiwan où des mesures efficaces comme le lavage régulier des mains se sont développées rapidement autant via l’action des pouvoirs publiques que la réactivité individuelle des habitants. Toutes ces mesures sont et ont été recommandées par toutes les instances supra nationales de santé publique comme l’OMS et bénéficient d’un bagage scientifique favorable contrairement au confinement total.
A contrario nous faisons les frais d’un pouvoir centralisé, l’administration Trump est un cas d'école de mauvaise gestion, les pouvoirs fédéraux sont coupés dans leur action. Idem pour l’union européenne où les disparités sont de plus en plus flagrantes, l’Allemagne atteint 500,000 test par semaine tandis que nous peinons à atteindre les 25,000 avec des PCR[2] standards situées sur tout le territoire français. Or sans gestion en amont les laboratoires privés et publics ne se sont pas coordonnés pour tester ce coronavirus précis, ceci se traduisant par d’inévitables morts si bien que la France et l’Italie exportent leurs malades en Allemagne où les lits de réanimation sont conformes aux demandes de la population. Sanofi et Bayer ont déjà fait don de milliers de doses de Chloroquine à la France et aux US, le mécénat privé pour des acteurs majeurs de la recherche en virologie illustre ainsi parfaitement l’impossibilité patente pour les États d’agir sur des questions aussi importantes que la santé publique. Le néolibéralisme laisse le modèle de santé sinistré et non préparé.
Le gouvernement français de surcroît profite de la crise pour passer des lois par ordonnances et déclarer l'état de guerre vis-à-vis d’une épidémie. Il démontre une incompréhension voir une infantilisation massive d’une question de santé publique réelle qui pose la question plus large encore des infections hivernales (La grippe à entrainer une surmortalité de 17,000 décès en 2017[2]).
Ainsi le pouvoir cherche à importer l’aspect liberticide du système chinois (suivi GPS, état d’urgence économique avec des écarts sans précédents sur le code du travail, confinement total…) sans supposer que les avantages théoriques de ce modèle sont liés aux infrastructures et aux investissements d’une économie productive tournée vers l’export et non la spéculation.
Il est à supposer que la Chine verra son économie repartir plus tôt, creusant de plus en plus l'écart avec l'économie américaine dont le mercantilisme vain lui pose actuellement préjudice n’ayant actuellement aucune politique de diagnostic et une méconnaissance totale de la gravité de la situation.
La gestion des pays européens n’a pas apporté une réponse suffisante dans des délais pertinents et n’a rien à envier aux réponses apportées durant les épidémies de choléra (un confinement général, peu précis aux conséquences humaines marquées comme en Italie ou en Espagne).
Nous nous devrons d’exiger la suppression de l'état d’urgence dans lequel nous sommes plongés, profiter des nationalisations actuelles et plus important encore exiger le contrôle sur les marchés pour abolir les logiques capitalistes toujours renforcées au travers du soutien massif des États malgré leur incapacité patente durant les crises ;car la chute des profits se traduiras comme en 2008 par une compression massive de la masse salariale, une précarisation croissante et un accroissement de la dette.
Plus grave encore qu’une épidémie déjà préoccupante c’est une des crises majeures du capitalisme moderne qui se profile et dont les conséquences précèdent déjà la crise sanitaire.
1) Réaction en chaine par polymérase, développée depuis 1980 cette technique s’est imposée comme la référence dans la caractérisation des pathogènes.
2) Communiqué de presse de l’OMS : https://www.who.int/fr/news-room/detail/14-12-2017-jusqu-%C3%A0-650-000-d%C3%A9c%C3%A8s-par-an-sont-dus-aux-affections-respiratoires-li%C3%A9es-%C3%A0-la-grippe-saisonni%C3%A8re