1 balle 1 marx
par Omnirath
février 2020
« Quand même une révolution violente, nécessitée par les vices du gouvernement, aurait mené par des voies injustes à un meilleur ordre de choses, il ne serait alors plus permis de rétrograder le peuple vers son ancienne constitution, quoique chacun de ceux qui pendant la durée de cette révolution y ont participé ouvertement ou clandestinement, aient encouru le juste châtiment de la rébellion » - Projet de paix perpétuelle, Emmanuel Kant, 1795
En quelques semaines, quelques événements qui feront date dans ce quinquennat, le pouvoir en est arrivé à l’apex d’une déréalisation amorcée il y a de ça des décennies. Le gouvernement en est rendu à des extrêmes sans précédent dans l’histoire de la V ème République imposant son projet idéologique faisant fi d’une contestation émanant de toutes parts de la société; légitimer son projet n’est plus nécessaire vis-à-vis d’une contestation qui se généralise de jour en jour et des manifestations trans-partisanes sans précédent mêlant les couches d’une société éclatée sous le poids d’années de réformes.
Il s’agit pour la tête pensante et les ministres de ce gouvernement de ne pas perdent la face, bien que tous soient dans l’impossibilité même de se présenter en public (en témoigne la sortie mouvementée du théâtre des Bouffes du Nord d’Emmanuel Macron) .Cet état de fait ne semble guère le perturber, disposant d’un appareil législatif aux ordres comme l’assemblée s’appuyant sur un code de déontologie obsolète[1], des débats en vase clos et un cercle médiatique de cour au parti pris plus qu’appuyé, flirtant entre journalisme et propagande comme illustré par Carlos Goshn et sa exfiltration au budget de 14,8 millions de dollars[2] reprise avec entraint sur toutes les antennes publiques ou le traitement des manifestations inspirant le doute de par l’usage éculé de la sempiternelle “explosion de violence récente” un argument légitimant une peur des plus précaires, des lésés de notre modèle sociétal, et de ses rapports de forces des plus importants après la Seconde Guerre mondiale. Tandis que le chef de l'État s’incarne en vitrine du pays à Versailles devant des investisseurs privés, Castaner ministre de l’intérieur cherche à arrondir les angles et embellir le score des municipales laisant 96% des communes dans les scores nationaux, une manœuvre permettant aux intéressés de maintenir leur posture de principal opposant à l’extrême droite tout en assurant son électorat des grandes agglomérations (la cassure idéologique entre les centres urbains et périphéries du scrutin de 2017 en est un exemple flagrant).
Cette fracture au-delà de l’objet d'étude des sociologues et économistes a aussi une réalité dans les corps de la contestation, phénomène peu documenté mais constaté dans toutes les dernières manifestations, recours aux armes à feu en hausse, blessés, mutilé par des “armes sublétales” dont l’usage sans limite n’est permis selon Sebastian Roché chercheur au CNRS que dans de rares pays en Europe d’ex-dictatures qui plus est. Dans ces derniers le monopole de la contrainte est centralisé, détenu par le corps institutionnel non pas dans l’intérêt civil mais le sien légitimant des actes inacceptables dans tout État se présentant libre et égalitaire; ces actes toujours présents dans les banlieues et périphéries apparaissant au vu sont sus de tous dans les rues de la Capitale touchant désormais l’ensemble de la société.
Un moment de bascule pour l’ensemble de la société, le gouvernement refusant tout dilemme.
Notes et références
1) https://blogs.mediapart.fr/paul-cassia/blog/180120/la-deontologie-perimee-du-bureau-de-l-assemblee-nationale
2) https://www.wsj.com/articles/inside-carlos-ghosns-great-escape-a-train-planes-and-a-big-black-box-11578445084