Chronique de Gecko, Janvier 2020
par Gecko
janvier 2020
Un des livres de sociologie vanté par les enseignants en politique et posté en « évidence » sur les rayons universitaires est sobrement intitulé Le mouvement ouvrier (1979). Dans cette étude livrée par la bande à Touraine, on trouve des platitudes érigées en sérendipité comme le déplacement du conflit central de la société depuis l’appareil de production à un ensemble plus large de revendication, qui aurait rendu la culture ouvrière et par extension syndicale désuète. Un étudiant naïf, ici ma personne, aura tôt fait de conclure à l’avenir de l’action spontanée à force de poncifs sur les gilets jaunes afin de boucler un essai parmi les innombrables qu’on lui commande en fin de semestre.
C’est le genre d’idiotie qu’on est amené à écrire bien au chaud dans les bibliothèques académiques. Certes, la culture ouvrière semble dépassée, mais que dire de la culture patronale, patriarcale et capitaliste ? Elle a au bas mot deux cents ans ! Certes, ce n’est peut-être plus l’horloge de l’usine qui rythme notre quotidien, mais a-t-elle cessé d’exister ? Le syndicalisme ne s’arrête pas aux portes de la manufacture : comment faire quand, « employé » par Deliveroo, on est sous la menace d’être licencié en un « clic » sans couverture sociale. Qui pour former les travailleurs et les organiser ? On peut avoir mille et une critiques sur l’action syndicale, du collègue syndiqué qu’on connaît tous et qui profite de sa position à la politique des « centrales ». Mais à qui devons-nous nos acquis sociaux ? Qui pour nous rassembler ? Créer un rapport de force ? Tenir les caisses de grève ?
Quant au lycée la direction mentait sur mes droits, c’est la section locale de la cégète qui m’a renseigné et imprimé mes tracts sans discuter leur contenu et sans rien demander en retour.
La haine des syndicats dans les médias devrait nous interroger : qui a intérêt à ce qu’ils disparaissent et que les « exploités » se trouvent sans défense ? Si la liberté syndicale est aujourd’hui un droit c’est parce que les travailleurs n’ont pas attendu les gouvernants pour s’organiser Ces corps intermédiaires sont indispensables à la vie démocratique. Ils nous protègent de l’arbitraire des dirigeants et sans doute que dans la démocratie « enchantée », constituée d’individus libres et égaux, qui est célébrée du soir au matin, il est possible de s’en passer. Mais nous n’y sommes pas. Les jours heureux ne viennent pas à force d’incantations et de prières et plutôt que de les attendre sagement, luttez ! Résistez ! Syndiquez-vous !